Montréal : simple ville au Canada ou maillon de l'économie mondiale ?

Pensez à la créativité. Cet exercice peut déboucher sur quelque chose de profondément abstrait, car il est assez facile de flotter à travers les sphères de l'imagination sans restrictions. Maintenant, considérez la créativité dans la perspective d'un artiste de rue anonyme avec un dans d'observation de la société. Si vous pensez à Banksy, cela met en évidence la valeur des contraintes dans l'amélioration de notre compréhension d'un concept abstrait. De même, les contraintes introduites par les frontières géographiques sont indispensables au fonctionnement administratif et politique. Cependant, lorsqu'on étudie la dynamique des économies mondialisées, de telles délimitations limitent considérablement notre compréhension du commerce, mettant en évidence leur nature arbitraire.

La mondialisation a transformé les villes en grappes d'industries spécialisées dans l'exécution d'activités économiques spécifiques qui deviennent des intrants dans des chaînes de valeur mondialement dispersées. Les industries, et par conséquent la géographie qu'elles occupent, sont de plus en plus interconnectées, car la conception, la fabrication, la livraison et les services associés d'un produit traversent souvent les frontières politiques1. Les villes sont généralement plus économiquement interconnectées les unes avec les autres qu'avec des centres de population plus petits au sein de leur propre unité géographique subnationale. En fait, même après avoir pris en compte les tendances en réaction à la géopolitique telles que la réinternalisation, le découplage et la régionalisation des chaînes d'approvisionnement, la production est toujours répartie de manière granulaire à travers de multiples régions offrant des intrants avec une parité compétitive en termes de coût et de qualité2.

Cependant, les avantages offerts par ces chaînes de valeur mondiales (CVM) comportent également des risques. Les CVM doivent être de plus en plus résilientes car elles sont constamment soumises à des perturbations découlant de la géopolitique, des pandémies et du changement climatique. Une perturbation dans une seule chaîne de valeur peut provoquer des ondes de choc à travers les industries et les frontières, avec des chocs dans des industries et des emplacements stratégiquement importants entraînant des revers3. Encore plus importants, les efforts visant à optimiser et à atténuer la pression sur les CVM nécessitent une compréhension holistique des dynamiques et des complexités sous-jacentes aux réseaux de commerce international. Pour ce faire, nous devons penser au-delà des frontières géographiques arbitraires afin de véritablement saisir la diffusion des activités économiques.


Quand nous regardons au-delà des frontières nationales, nous découvrons d'autres moyens de regrouper des géographies qui offrent une approche alternative à l'étude des économies. Une telle classification en Amérique du Nord est la région Saint-Laurent - Grands Lacs, une macro-région binationale englobant deux provinces canadiennes (Québec et Ontario) et huit États américains (New York, Pennsylvanie, Ohio, Michigan, Wisconsin, Indiana, Illinois et Minnesota). Cette région représente à elle seule 7 900 milliards de dollars de PIB, sait la troisième plus grande économie du monde. Le fleuve Saint-Laurent occupe une position géographique stratégique en tant que passage entre l'Atlantique et les Grands Lacs. Les rives du Saint-Laurent et du lac Ontario abritent les plus grandes villes du Canada, propulsant la croissance économique du pays.


Mais surtout, cette classification ouvre la voie à l'étude des réseaux d'interconnexion que les industries entretiennent à la fois au sein et au-delà de cette région. Ce changement de perspective permet la recherche et la réalisation d'opportunités qui sont non seulement plus proches mais aussi considérablement plus importantes sur le plan socio-économique. Dans un monde fortement contesté, une politique complémentaire entre deux alliés de longue date, qui fournit un stimulus pour l'activité économique d'un point de vue de la chaîne de valeur mondiale, agirait comme un vecteur puissant pour le développement économique.

En résumé, il est nécessaire de changer l'unité d'analyse dans étude des économies afin d'améliorer la mesure de leur performance, car l'approche conventionnelle est insuffisante pour capturer les réseaux sous-jacents qui existent et sont nécessaires pour la réussite des activités économiques.


Références

1. OECD (n.d.)

2. Jaax, Miroudot and van Lieshout (2023). Deglobalisation? The reorganisation of global value chains in a changing world. OECD Trade Policy Papers. OECD.

2. Cantore, Lavopa and Rodousakis (2023)


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