Glaçage sur le lac : plaidoyer pour une saison de navigation prolongée

La semaine dernière, Data Vizdom a montré comment la saison de navigation des Grands Lacs s'est allongée entre 2004 et 2024, gagnant environ 6,5 jours en moyenne, soit 8 heures par an. La saison 2024 durera 290 jours, en partie en raison de la diminution de la couverture de glace sur le lac Ontario.

La saison pourrait-elle être prolongée encore davantage à mesure que les hivers deviennent plus doux et que la glace continue de diminuer ?

Les dates d’ouverture et de fermeture de la voie maritime des Grands Lacs et du Saint-Laurent sont fixées par la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent (Canada) et par la Great Lakes–St. Lawrence Seaway Development Corporation (États-Unis). Le calendrier dépend des conditions météorologiques, de la sécurité de la navigation et de la coordination logistique.

Dans les premières années, le tronçon Montréal–Lac Ontario (MLO) fonctionnait généralement du 1er avril au 15 décembre. Dans les années 1970, des études américaines ont proposé d’étendre progressivement la saison du 7 février au 7 janvier pour ce tronçon, grâce à l’utilisation de brise-glaces, à la modernisation des écluses, à l’installation de barrages flottants contre la glace, et à un meilleur contrôle du trafic maritime.

Une étude canadienne de 1978 avait conclu que cette extension n’était pas économiquement justifiée, en raison de la faible demande et de la sous-utilisation de la capacité. La gestion du niveau des eaux pose également des défis : les embâcles peuvent perturber l’hydroélectricité, et les barrages flottants utilisés pour les éviter bloquent souvent la navigation.

Mais avec le recul de la couverture glaciaire, nombre de ces barrières ont perdu de leur pertinence. Le graphique interactif ci-dessous montre la couverture maximale quotidienne de glace sur le lac Ontario depuis 1973.

Le graphique montre que les hivers constamment froids sont devenus moins fréquents depuis les années 1990, la couverture de glace restant inférieure à 15 % la plupart des jours pendant les années plus chaudes. Depuis 2015, la glace sur le lac Ontario est souvent restée faible, mais la date d'ouverture de la navigation (cellules bordées de rouge) n'a pas été avancée. La plupart des prolongations de la saison sont dues à des dates de fermeture plus tardives (cellules rouges pleines), ce qui laisse des jours potentiels plus tôt inutilisés.

Un calendrier plus flexible pourrait permettre de prolonger davantage la saison. Pour le Canada, cela pourrait s’avérer particulièrement avantageux. Une période de navigation plus longue pourrait réduire les coûts de transport des exportations en vrac depuis des ports comme Hamilton et Toronto vers les marchés internationaux via l’Atlantique.

Alors que le Canada cherche à renforcer sa compétitivité commerciale dans un contexte de tensions persistantes avec les États-Unis, les arguments en faveur d'une saison plus longue sont peut-être plus convaincants aujourd'hui que dans les années 1980. Avec des hivers plus doux, il est peut-être temps de revoir la façon dont nous gérons l'une des principales routes commerciales du pays.


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