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Ces dernières années, les relations entre le Canada et la Chine ont connu des rebondissements tumultueux. L'imposition par le Canada de droits de douane sur les VE, l'acier et l'aluminium chinois en octobre 2024 a encore aggravé les tensions. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'une réponse plus large des pays occidentaux à l'utilisation par la Chine de subventions et de lacunes réglementaires pour abaisser artificiellement les coûts de production dans ces secteurs. Avec un accès abondant aux minéraux essentiels, le Canada est bien placé pour l'exploitation minière, le raffinage et la production de batteries pour les VE. Étant donné que des investissements à grande échelle sont réalisés pour renforcer les capacités tout au long de la chaîne d'approvisionnement des batteries de VE, de telles mesures protectionnistes sont considérées comme nécessaires pour protéger les entreprises domestiques des pressions à la baisse sur les prix.
Depuis octobre 2024, le Canada applique une surtaxe de 100 % en plus du tarif à l'importation existant de 6,1 % appliqué aux VE chinois. Un droit de douane de 25 % a également été appliqué aux importations d'acier et d'aluminium en provenance de Chine. En réponse, la Chine a lancé ce qu'elle appelle une enquête nationale anti-discrimination sur le canola canadien et a déposé une plainte auprès de l'OMC. Depuis le 20 mars 2025, la Chine impose des droits de douane de 100 % sur le canola et les pois canadiens, ainsi que des droits de douane de 25 % sur les fruits de mer et la viande de porc. La Chine a déjà ciblé le secteur agricole canadien, notamment en imposant des restrictions sur les importations de graines de canola pendant près de trois ans. La visualisation ci-dessous montre les importations mensuelles de VE, d'acier et d'aluminium chinois, ainsi que les exportations de canola et de pois, de fruits de mer et de porc vers la Chine de janvier 2020 à février 2025.
Les importations de VE en provenance de Chine ont bondi en 2023 pour atteindre près de 2,3 milliards de dollars, contre 116 millions de dollars en 2022. L'augmentation est largement attribuable aux modèles haut de gamme, probablement des Teslas produites en Chine, dont le coût unitaire moyen est passé de 11 660 $ à 51 300 $. Craignant un afflux de VE chinois à bas prix que les entreprises nord-américaines ne pourraient pas égaler en termes de prix ou de technologie, le gouvernement canadien a imposé des droits de douane élevés. En conséquence, les importations de VE chinois ont pratiquement cessé. Une tendance similaire est observée pour l'acier et l'aluminium, avec des valeurs d'importation mensuelles passant de 80 à 120 millions de dollars à 20 à 40 millions de dollars d'ici février 2025. Les droits de douane canadiens visent des importations chinoises à hauteur d'environ 4 milliards de dollars sur la base des valeurs de 2024, tandis que les représailles de la Chine portent sur des exportations canadiennes d'une valeur d'environ 2,9 milliards de dollars.
La Chine dépend presque entièrement du Canada pour ses importations de canola, le Canada étant l'un des plus grands producteurs mondiaux. En 2024, la Chine a importé du Canada 2,5 millions de tonnes métriques de canola et de pois pour une valeur de 1,2 milliard de dollars, contre près de 2 milliards de dollars en 2023. Le tarif douanier de 100 % nouvellement imposé devrait réduire davantage les exportations en 2025, qui s'élèvent actuellement à 409 millions de dollars. Les exportations de fruits de mer vers la Chine ont totalisé 1,1 milliard de dollars en 2024, en baisse par rapport aux 1,3 milliard de dollars de l'année précédente, les deux premiers mois de 2025 représentant 212 millions de dollars. Les exportations de porc, déjà inférieures aux niveaux du début des années 2020, ont atteint 467 millions de dollars en 2024. Les droits de douane de 25 % sur les produits de la mer sont susceptibles d'affecter de manière disproportionnée les provinces de l'Atlantique, qui dépendent fortement de ces exportations.
Les mesures protectionnistes se généralisant, la distinction entre la politique industrielle et les réponses commerciales devient de plus en plus complexe. Les droits de douane du Canada sont destinés à soutenir son industrie intérieure des véhicules électriques, tandis que les actions de la Chine reflètent les défis qui peuvent découler des dépendances commerciales mutuelles. Ces développements s'inscrivent dans une tendance plus large, observée depuis la fin des années 2010, où les grandes économies ont adopté des politiques commerciales plus affirmées dans l'intérêt de la compétitivité nationale. Le différend entre le Canada et la Chine illustre la manière dont les pays concilient ouverture et résistance économique, et dont les décisions commerciales sont désormais influencées par des considérations à la fois économiques et stratégiques.
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