Tableaux entrées-sorties : Les composantes fondamentales du SLGL dataHub

L'économie mondiale est la résultante d'un amalgame complexe de politiques économiques qui, ensemble, mettent en œuvre la mondialisation. L'une des caractéristiques de cette tendance réside dans la participation des industries aux chaînes de valeur mondiales (CVM) en ajoutant de la valeur grâce à l'exécution d'une tranche d'activité spécifique pour laquelle elles disposent d'un avantage absolu ou comparatif. La participation des industries aux CVM représente une part importante et croissante du commerce international, l'OCDE estimant qu'environ 70 % du commerce mondial est associé aux CVM1. Grâce aux progrès de la technologie et des transports, les industries peuvent se positionner stratégiquement au sein de ces réseaux complexes afin de créer et de fournir de la valeur. Il s'agit là d'une stratégie viable pour la création d'emplois et une croissance économique saine.

Toutefois, en raison de sa nature intrinsèquement complexe, la compréhension des réseaux de CVM représente un défi de taille. Dans le brouillard d'incertitude découlant de l'évolution de la géopolitique, de la pandémie de COVID-19 et du changement climatique, les vulnérabilités de l'approvisionnement en biens stratégiques sont devenues plus visibles. Cela a conduit à un examen approfondi de la structure et de la résilience des chaînes d'approvisionnement, les dépendances à l'égard de certaines industries et de certains pays étant remises en question. La mise en œuvre de politiques visant à contrôler certains aspects des CVM devient de plus en plus courante, au risque de produire des conséquences imprévues qui se répercutent à l'échelle mondiale. Cela nécessite une compréhension globale des chaînes d'approvisionnement, en se concentrant particulièrement sur l'intégration et les interdépendances qu'elles créent entre les industries et les régions.

Les mesures économiques traditionnelles ne permettent pas d'évaluer avec précision la contribution d'une industrie à une chaîne de valeur mondiale. En revanche, l'utilisation des tableaux entrées-sorties (TES) révèle efficacement les dépendances interindustrielles dans le contexte du commerce international. Les TES décomposent la production totale d'une industrie en consommation intermédiaire et finale, ce qui permet d'obtenir des informations précieuses sur les dépendances nécessaires à la production de cette industrie. Comprendre la production d'une économie sous cet angle donne une image précise de la structure et de la composition des CVM. Pour étudier le niveau d'intégration économique et les réseaux d'interdépendances au sein de la région Saint Laurent - Grands Lacs (SLGL), nous utilisons les Tableaux Internationaux des Entrées-Sorties (TIES) de l'OCDE.

Les TIES de l'OCDE représentent les ensembles de TES les plus complets et actuels construits à ce jour, utilisant une multitude d'ensembles de données. Pour contextualiser l'ensemble des données des TIES à la région binationale SLGL, nous nous appuyons sur des TES infranationaux, car les TIES ne mesurent les dépendances commerciales qu'au niveau national. Nous utilisons les TES publiés par Statistique Canada et le Bureau du recensement des États-Unis pour suivre les flux commerciaux entre les deux provinces canadiennes et les huit États américains. À l'aide de concordance, nous harmonisons la classification des industries avec les TIES qui regroupe les industries selon la 4ème révision de la Classification internationale type, par industrie, de toutes les branches d’activité économique (CITI). Cependant, ces TES infranationaux n'ont pas le niveau de granularité requis sur la consommation intermédiaire au niveau de l'industrie, ce qui nécessite des calculs de notre part pour rendre les données plus significatives. Surtout, stateior a été utilisé pour effectuer ces calculs pour les huit États américains. Le tableau matriciel ci-dessous énumère la source des données pour chaque valeur de TES construit pour le SLGL dataHub.


En substance, notre TES cartographie méticuleusement la production et les flux commerciaux pour quarante-cinq industries produisant des biens et des services sur une base annuelle de 2012 à 2020. Ces tableaux facilitent l'étude du commerce au sein de la région binationale SLGL au niveau infranational. Au-delà de la région SLGL, notre TES couvre quarante-trois pays, dont vingt-sept membres de l'UE et seize autres grandes économies (Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Japon, Mexique, Norvège, Russie, Suisse, Taïwan, Turquie, Royaume-Uni et États-Unis), soit environ 85 % du PIB mondial en 2022 (à prix courants)2. En outre, le tableau fournit une catégorisation pour le reste du monde afin de tenir compte des échanges avec les pays qui ne sont pas couverts par le TES.


Ces TES servent de base aux données du SLGL dataHub, permettant l'analyse des dynamiques économiques à l'intérieur et à l'extérieur de la région SLGL. Le SLGL dataHub sera continuellement mis à jour afin d'incorporer de nouveaux ensembles de données qui, combinés aux TES, seront déterminants dans la conception de nouveaux indicateurs qui permettront révéler de nouvelles perspectives.


Références

1. OECD (n.d.)

2. World Development Indicators


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